Les choses sérieuses commencent. 7h30. Réveillés par le jour. Les volets sont des persiennes et sont donc… percés de partout… Nous filons prendre le petit déjeuner à 6 euros par personne. C’est dans une petite salle où tout raisonne, si bien que j’entends presque le mec du fond déglutir son café.
Le petit déjeuner n’est pas exceptionnel, il y a le strict minimum. Ça fera l’affaire mais ça manque cruellement de fruits. On entend parfois la musique entre deux silences gênants. C’est Bob Marley. Je ne suis pas fan de Reggae, mais je dois concéder qu’il a quelques excellents morceaux comme Redemption Song qui a le don de me donner des frissons. Bon, j’en conviens, cette chanson n’est pas vraiment du Reggae. C’est peut-être pour ça que je l’apprécie tant…
Nous filons direction le quartier Coppedè (du nom de l’architecte Gino Coppedè) que nous avons vu à la télévision et où il y a de superbes immeubles. Dans la rue où nous logeons, il y a le siège de l’UNICEF et l’ambassade de Grande Bretagne. Cette dernière est particulière… Tout en béton et sur pilotis…
Nous avons un peu de mal à trouver les fameux immeubles mais le quartier est calme. C’est très agréable. Nous passons par ailleurs devant un marché couvert et entrons nous acheter des bananes et des fraises. Nous aimons les fruits… La villa Albani aiguise notre curiosité, nous ne pourrons hélas pas la visiter. Construite dans la seconde moitié du 18e siècle pour un cardinal, elle est entourée d’un superbe parc dans lequel on aimerait flâner. Coppedè n’est pas un quartier très touristique, c’est en cela très agréable. Pour y aller, c’est bien « simple », c’est entre la via Tagliamento et la via Aterno! Nous continuons et arrivons enfin au clou du spectacle avec ses villas incroyables aux styles particuliers, farfelus, entends-je même dans la bouche de mon amoureuse. C’est de l’Art nouveau nous disent les experts, et ça en jette!
En effet, autour de la Fontaine des Grenouilles située sur la piazza Mincio où sont représentées… tenez-vous bien… des grenouilles!, et où les Beatles se sont baignés parce qu’ils avaient trop chaud, il y a quelques immeubles qui valent leur pesant de cacahuètes.
Tout commence avec le Palais des Ambassadeurs, énorme bâtisse coupée en 2 et reliée par un arc. Viennent ensuite de splendides demeures comme le Palais de l’Araignée (Palazzo del Ragno) ou La Petite Maison des Fées (Villino delle Fate). Pour le reste, il y a 18 palais et 27 immeubles, promenez-vous dans les petites rues calmes, vous y verrez tout ce que l’architecte Coppedè a souhaité y mettre, c’est à dire toute l’histoire de Rome à travers des styles architecturaux différents, de l’Antiquité, du Moyen-Age, de l’époque Moderne, etc. Tout s’y mélange parfaitement! C’est dépaysant, surprenant, drôle même. Dans une ville où l’architecture est plutôt carrée et pensée, ces « palais » sont une bouffée d’air.
La suite de notre programme sont les catacombes de Saint Sébastien. Pour nous y rendre nous devons prendre le métro Place d’Espagne (Piazza di Spagna). Ce n’est pas à côté mais sur notre route il y a le parc de la Villa Borghese alors nous marchons, évitons les voitures, nous concentrons sur Google Maps et arrivons audit parc.
Il y a des joggeurs, vaillants, il fait déjà chaud, il est 11h30, ils annoncent 31 en ressenti. Bien sûr je n’ai pas pris de bermuda parce que je ne suis pas foutu de bien m’organiser… J’ai chaud donc mais je ne me plains pas, j’attends de pouvoir le faire dans le récit de ma journée…
Lorsque nous arrivons derrière la galerie de la Villa Borghese, le parc et même le bâtiment déçoivent. C’est sec, ça semble mal entretenu. Mais une fois passé de l’autre côté, on comprend l’amour que les gens portent à cet endroit, un lieu parfait pour flâner à l’ombre des arbres, à pique-niquer en famille ou entre amis. Il fait bon vivre, on entend à peine le flux incessant des voitures. Rome est pourrie par sa circulation, c’est indéniable.
Nous filons Place d’Espagne, arrivons par le haut de la colline. Nous jetons un oeil en bas et voilà que soudain, ce que je n’avais pas encore vu à Rome se réalise : il y a une foule immense et massive, agglutinée, qui parfois cherche à monter parfois à descendre. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont tous en train de photographier ou se photographier façon selfie et bouches en cul de poule et nous descendons les marches pour nous mêler aux touristes et faire un peu comme eux.
Nous prenons ensuite le métro, ligne A, qui nous emmène jusqu’à la station Colli Albani d’où nous pourrons prendre un bus pour les catacombes. Nous attendons le bus 660, sommes prévenus qu’il n’est pas fréquent et après 20 minutes de patience nous voilà transportés vers la voie Appienne antique (Appia antica), voie d’époque si j’ose dire.
Il y a un fast food juste à côté de l’arrêt, nous entrons choisir notre déjeuner, un homme nous dit d’avancer et de traverser la boutique. Là, une porte s’ouvre vers une immense terrasse ombragée où des petites tables en fer permettent aux voyageurs de se sustenter. Il y a un bar où on choisit ces plats, il y a pas mal de choix, mais on ne va pas se mentir, ça ne fait pas rêver. Mais nous devons manger, ça devrait faire l’affaire. En manque d’inspiration, nous mangeons donc des paninis, le repas nous coûte 10 euros, c’est pas mal mais nous avons encore faim.
Ça tombe bien car nous avons des bananes et des fraises dans le sac à dos et nous nous posons à l’ombre sur un petit muret au bord de la voie Appienne où nous dégustons dans le calme nos petits fruits frais.
La voie Appienne fourmille de plein de petites et grandes choses. Là un mur antique, là les ruines d’une église, là un mausolée. Nous entrons dans un parc gratuit où un cirque privé (le cirque de Maxence) avait été construit au 4e siècle et dont il reste quelques ruines. L’entretien de l’espace est excellent si bien qu’ils tondent les hautes herbes pour simuler l’ancienne piste. C’est un endroit fort agréable où on aimerait s’assoire et lire un bon livre. Si je vivais ici, je m’y réfugierais.
Il y a aussi le palais de l’Empereur Maxence et le mausolée de son fils Romulus. C’est frais, très agréable.
Nous sommes venus pour les catacombes et nous y sommes enfin. Nous payons 8 euros par personne, on nous explique que ce n’est pas une visite libre, et qu’il y aura une visite en français dans 30 minutes.
30 minutes plus tard, interdits de photographier ou de filmer, nous plongeons dans les souterrains avec d’autres Français (je déteste rencontrer des compatriotes en voyage, j’ai l’impression de ne pas voyager du coup) et une guide qui nous dit de ne pas traîner derrière, elle va nous montrer l’essentiel.
La plongée dans les catacombes est plutôt sympa. De suite, j’ai le sentiment d’être Indiana Jones à Venise, et j’espère bien trouver la tombe d’un Templier et voir des rats tout partout. Mais non… Nous suivons la guide, elle va un peu vite, elle nous montre des tombes vides, des trous vides, des plaques, des symboles, des signes. C’est pas mal à vrai dire! Le plus intéressant est d’imaginer la vie de l’époque et ces tombes que l’on creusait pour y enterrer les morts. C’est assez fascinant. J’ai toujours été émerveillé, si je puis le dire comme ça, par le rapport à la mort des civilisations passées (et actuelles par ailleurs). Ou comment finalement pour les Chrétiens par exemple, enterrer ses morts c’est les préparer au Jugement Dernier. Il ne s’agit pas alors que de l’âme, mais aussi du corps.
Les catacombes de Saint Sébastien s’appellent ainsi car Saint Sébastien y serait enterré. Pardon… Y est enterré. L’étudiant en Histoire que j’ai été est sceptique quand la guide nous explique que le corps est bel et bien là. Car le récit qu’elle nous en fait est plutôt cocasse. Saint Sébastien est mort en martyr et son corps a été jeté dans les égouts, et il serait ensuite apparu miraculeusement à Sainte Lucine pour lui dire où était son corps. Elle est allée le chercher. Quand on fouille un peu sur le net, il y a plusieurs versions, ses reliques seraient sans doute au Vatican, sans doute dispersées un peu partout (en France et en Allemagne). Bref, il n’y a rien de scientifique là-dedans, et je m’agace que la guide raconte tout cela avec certitude. Pour elle, les reliques sont ici, dans les catacombes. Et plus exactement dans l’église qui se situe juste au dessus, et qu’on y a mis son caveau pour que tout le monde puisse le voir.
Mais peu importe. J’aime les récits mythologiques, et au fond, bien qu’il ne soit pas très original, ça reste une légende comme une autre. Mais là, à quelques mètres sous la surface de la terre, je ne peux m’empêche de lancer mon logiciel de critique du Christianisme. Ou comment cette idéologie/religion a réussi à faire des légendes la grande Histoire. Mais c’est un autre débat…
Nous continuons la visite. Il y a des tombes partout, des trous, les corps ont été retirés. Des grands trous, des petits trous pour les enfants. Leurs noms, des signes, des dates sur des plaques de marbre. Nous sommes sous terre, ils ont creusé dans le tuf, une roche volcanique tendre, légère et dure qui a servi à monter de nombreux monuments partout à Rome. De couleur brun orangé, elle est rêche au touché.
Nous arrivons à des tombeaux. Dans ces catacombes, des Païens et des Chrétiens y ont été enterrés. Les tombeaux sont superbes, en très bon état. Dans l’un, on peut apercevoir la tête de Méduse. Des svastika aussi sur les plafonds, avec les branches ou tournées vers la droite ou vers la gauche, comme un symbole solaire. Cela nous bloque un instant, puis on recontextualise.
La visite se termine dans la basilique en surface, basilique où le tombeau de Saint Sébastien a été installé par le cardinal Scipione Borghese en 1609 et dont il assura la rénovation. Il y a aussi ce buste du Cristo Salvatore, dernière sculpture du Bernin et seule représentation qu’il n’ait jamais faite du Christ.
Nous quittons les catacombes, lieu de mort rempli de vie, et remontons la voie Appienne. Nous poussons la balade pour explorer encore un peu. Nous tombons sur un petit parc, un espace calme, propre, terriblement agréable. Cet endroit ce nomme Capo Di Bove, des anciens termes datant du 2e siècle. Il y a une galerie au fond, des peintures, des sculptures, cela semble être un lieu d’exposition. Nous faisons le tour, ressortons, entendons les oiseaux chanter, un chat traverse devant nous sans nous voir.
Nous retournons à Rome, nous avons envie d’une glace.
Dans le quartier du Quirinal, près de la fontaine Trevi, nous dégustons une glace chez Il Gelato di San Crispino. C’est étonnant, on n’achète pas une boule ou deux comme en France, on achète au poids. Ici, elles sont délicieuses, crémeuses. Mon amoureuse prend la spécialité du glacier, la San Crispino, une glace au miel, le tout accompagné d’un peu de sorbet à l’abricot, alors que je prends un sorbet citron et de la vanille. Nous nous régalons tandis que nous arrivons à la fameuse fontaine. Et là, c’est la choc! Il y a un monde fou et un bruit sourd interminable. Les voeux pleuvent, les pièces volent, les gens se photographient, font des selfies, refont des selfies. C’est étouffant.
Nous reviendrons plus tard faire nos voeux, rien de pressé, et puis, de toute façon, je n’y crois pas. Mais bon, j’ai des pièces de un centime qui engorgent mon porte-monnaie… Nous nous baladons dans la ville, regardons les boutiques de souvenirs, nous voulons nous ramener un aimant de la ville pour encombrer notre frigo. C’est notre tradition. Il nous faudra bientôt un second frigo.
Nous arrivons à la Piazza della Rotonda où se dresse fièrement le Pantheon. Là non plus, nous n’avons pas prévu de le visiter aujourd’hui. La place est noire de monde, bruyante. Au milieu de tout ça, un mec jour Comfortable Number des Pink Floyd. Ça fait du bien d’entendre de la bonne musique.
Nous sommes épuisés, avons beaucoup marché et avons faim. Nous prenons le métro pour nous rendre au restaurant Eataly qui fait aussi office d’épicerie. Il paraît qu’on y mange bien. Alors nous nous installons en terrasse, sous une galerie tenue par des colonnes. Il y a de la musique. Forte la musique. Cela ressemble à de la house, je ne sais pas trop je n’y connais rien, mais c’est électronique, insupportable, et terriblement trop fort! C’est quoi leur but? Nous faire manger vite pour nous éloigner de cette horreur musicale? Quoiqu’il en soit, mes pâtes à la carbonara ne sont pas très bonnes. Pareil pour mon amoureuse dont les pâtes à la crème et au poivre sont très décevantes. Nous comparons avec le restaurant de la veille, et y’a pas photo, l’autre est mieux. Et en plus ils ont de bons goûts musicaux, eux…
vu votre programme je comprends que vous soyez épuisés le soir et étonnée aussi que les pâtes ne soient pas terribles à Eataly (peut être qu’ils ne se valent pas tous, c’était délicieux dans les 2 testés à Turin). J’ai l’impression qu’il y a beaucoup plus de monde à Rome que lorsque j’y suis allée, il y avait peut être du monde devant la fontaine de Trevi mais rien à voir avec ce que tu montres.
Cela dit, dès qu’on a l’idée de s’éloigner un peu du centre, on se rend compte que les gens se concentrent dans les mêmes endroits et qu’on peut trouver la tranquilité ailleurs (vrai à Venise aussi).
De Rome je me souviens aussi du bruit des voitures (qui est une des bruits qui m’agresse le plus..pareil à Barcelone)..je rêve de villes sans voitures (avec quelques voitures électriques pour les médecins, les livraisons)…un peu tyrannique comme vision j’en ai bien conscience 🙂
Après, peut-être que ce jour là, Eataly, c’était pas top, mais c’est surtout en comparaison de ce que nous avions mangé la veille, y’avait pas photo sur la qualité!
Tout à fait d’accord avec toi! Quand on s’éloigne un peu, on peut vraiment mieux profiter et avoir de super moments! Et oui tout pareil que toi, les voitures, c’est terrible! A Rome, c’est un flux continu, un son lourd… Du coup, je te rejoins pour libérer les villes des voitures! On monte un parti?