Tendre jeudi – John Steinbeck
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Sorti en 1954 aux Etats-Unis, Tendre Jeudi (Sweet Thursday pour son titre original) est la suite directe du roman Rue de la sardine (Cannery Row pour son titre original). En France, il faut attendre 1956 pour pouvoir le trouver en librairie!
Ecrit par John Steinbeck (Les Raisins de la colère, A l’Est d’Eden, Des souris et des hommes), Tendre Jeudi raconte l’histoire d’une petite communauté de Monterey (Californie) qui tente de redonner le goût de vivre à Doc, une figure emblématique du quartier. C’est peut-être Suzy, une nouvelle venue de L’Ours, le bordel du coin, qui permettra à Doc de retrouver un peu de joie de vivre.
Tendre Jeudi: un hommage à la baie de Monterey et à un vieil ami par John Steinbeck
Le récit se passe à Monterey en Californie (dans la droite lignée des romans californiens de Steinbeck), au sud de San Francisco, non loin de Salinas où Steinbeck a grandi. Monterey est une ville côtière de l’océan Pacifique, située dans une baie riche en vie marine.
En 1930, Steinbeck rencontre Ed Ricketts, biologiste marin, philosophe et écologiste avant l’heure avec qui il se lie d’amitié. Ils partiront ensemble en 1940 réaliser une expédition scientifique sur le monde marin dans la mer de Cortez.
C’est donc, entre autres, le portrait de son ami que John Steinbeck dresse dans Tendre Jeudi sous le nom de Doc. Mais cette fois, Doc ne va pas très bien, le retour de la Seconde Guerre mondiale est pénible, et il a du mal à se remettre au travail, à retrouver la passion qu’il avait jusqu’alors pour le monde marin. Ses amis, Mack, Hazel et les autres, vont tenter de l’aider, mais ils ne sont pas très doués. Tous ensemble, avec leur simplicité, avec leur manière d’être, parfois étonnante, ils tendent vers le bonheur. Le bonheur de Doc, mais aussi indirectement le leur. Comment être heureux si même Doc ne l’est pas?
Avec Tendre Jeudi, Steinbeck réussit un tour de force. Il parle du bonheur, des amis partis trop vite, il parle des difficultés à aimer, mais surtout, il parle de ces gens qui n’ont pas grand chose et qui donnent tout, de ces gens qui ont besoin de peu pour être heureux, mais surtout des autres.
Peut-être le roman le plus joyeux de Steinbeck, Tendre Jeudi, comme son nom l’indique, porte un regard tendre sur cette population qui s’active tant bien que mal dans un monde où elle a du mal à se faire une place. Un monde qui change et auquel elle peine à s’adapter.
Si Steinbeck rend hommage à son défunt ami (Ed Ricketts est mort en 1948), c’est aussi l’occasion pour lui de parler de Monterey, charmante petite ville côtière tournée vers la mer, longtemps capitale des sardines en conserves. S’il ne reste aujourd’hui de cette industrie plus que les bâtiments transformés en restaurants, hôtels ou encore en un somptueux aquarium, le laboratoire d’Ed Ricketts est toujours là, petit musée pour les plus curieux.
L’amour est bien évidemment au centre de ce roman, comment deux êtres que tout oppose, abîmés par la vie, vont tomber amoureux et retrouver ce bonheur perdu qu’ils n’espéraient plus retrouver? Suzy, nouvelle recrue du bordel L’Ours, n’est pas à sa place. La tenancière doute que Suzy trouve son bonheur ici et participe alors au complot visant à faire trouver l’amour au Doc et à Suzy.
Ce qui frappe en lisant Tendre Jeudi, ce sont ces petites choses insignifiantes qui nous font aimer encore plus les personnages. Il y a une telle simplicité dans le récit que ça en devient parfois un roman philosophique tellement les évidences sont frappantes et entêtantes. Difficile alors de laisser le livre, car on laisse des amis, de la famille, des gens qui ont une vie et dont on souhaite savoir la suite. Tant pis, on aura qu’à l’imaginer, mais au moins, on sait qu’ils seront heureux, et ça, c’est déjà beaucoup!
Ed Ricketts, le héros de Tendre Jeudi, figure emblématique de Monterey
Ayant eu la chance de visiter Monterey, j’ai pu croiser Ed Ricketts « Doc » sur une petite place, non loin de l’océan. Fierté du quartier, Ricketts trône fièrement non loin de Cannery Row (la fameuse rue de la sardine) où il travaillait dans son laboratoire (et dans lequel il a vécu, tel Doc, après une séparation un peu houleuse).
Faut-il avoir lu Rue de la sardine pour lire Tendre Jeudi?
Suite directe de Rue de la sardine, on retrouve dans Tendre Jeudi la plupart des personnages développés dans le premier roman. S’il n’est pas obligatoire d’avoir lu Rue de la sardine, il n’en reste pas moins qu’entrer dans le roman sera plus facile, familiers que nous sommes des lieux et des gens. Certains sont partis, certains sont morts. Donc oui, vous pouvez lire l’un sans lire l’autre, mais ils restent intimement liés malgré tout!
Bonsoir ; vous découvrir est une révélation. J’ai lu Steinbeck (j’aime beaucoup), mais ce qui m’importe le plus c’est de
connaitre le nom de ce magnifique artiste qui a illustré la couverture de « TENDRE JEUDI » paru dans les années 70 ? …
Je suis artiste peintre et cette image m’a toujours ému…. Je possède depuis mon adolescence toujours le livre…
Ayant découvert votre blog, j’ai vu comme sur l’illustration ce bâtiment en bois toujours debout : et ça m’a épaté…
En finalité si vous pouviez me renseigner, je serais ravi. Cordialement, THIERRY BEDEL
Bonjour Thierry, merci pour votre message !
J’imagine que vous parlez de la couverture de l’édition de poche de 1965 avec le laboratoire d’Ed Ricketts. Je ne possède hélas pas cette édition. Peut-être que l’information se trouve en 4e de couverture comme ça arrive souvent. J’ai cependant cherché, me suis même aidé de Chat GPT, mais rien, aucune information fiable. Peut-être que Le Livre de Poche a l’information… en les contactant…