Tendre Jeudi
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Meilleures BD 2023, mes conseils (tout au long de l’année)

Comme dirait mon libraire BD préféré : le début de l’année 2023 n’a pas été hyper riche en sorties incontournables… Heureusement, en fouillant un peu, j’ai pu trouver des petites choses fort sympathiques ! De quoi commencer une sélection des meilleures BD 2023 de la meilleure des manières !

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Les meilleures BD sorties en 2023 (pour le moment)

The Nice House on the Lake, Tome 1 – Tynion IV & Martinez

Les idées, c’est bien, mais encore faut-il savoir les exploiter correctement ! Et bien figurez-vous que c’est ici le cas ! On prend une poignée de personnes, on les regroupe dans une maison au bord d’un lac et ils découvrent que le reste du monde est mort et qu’ils sont les derniers survivants de l’humanité. Bien sûr, ça ne se passe pas super bien… Et puis ils sont bloqués.

Avec ce postulat, les auteurs s’amusent d’abord à nous interroger comme tout bon récit post-apocalyptique, puis à jouer avec les émotions des personnages, leurs réflexions, leur humanité, leur stupidité, leurs limites.

Mais au-delà de tout cela, c’est toute l’étrangeté autour de cette situation qui donne à cette BD une saveur particulière : un ami en commun les a regroupés ici pour les sauver, mais il s’avère que cet ami n’est pas vraiment de ce monde…

Construit avec des flashbacks où on comprend bien que la situation est devenue incontrôlable et a viré à la violence, on attend avec impatience la suite pour tout comprendre et voir comment les auteurs vont gérer l’énorme chaos qu’ils ont créé.

9/10
Total Score
On frôle la perfection

Je parle de The Nice House on the Lake et de Newburn (ci-dessous) dans le 17e épisode du podcast Pop-Hotte, à 1h07 exactement !

Newburn, Tome 1, Ils savent qui je suis – Zdarsky & Phillips

Les idées, c’est bien, mais encore faut-il savoir les exploiter correctement ! Et bien figurez-vous que c’est ici encore le cas !

Newburn est un ancien flic de New York devenu détective privé qui n’a pour seul client que… l’ensemble des gangs de New York ! Qu’ils soient russes, japonais, italiens, etc., il est là pour maintenir la paix et que chaque camp puisse continuer à gagner plein d’argent.

Bien sûr, sinon ça ne serait pas rigolo, les choses sont toujours compliquées et dangereuses avec la mafia ! Notre héros, plutôt anti-héros d’ailleurs, intelligent au possible et pas toujours très moral résout ses enquêtes afin de maintenir le statut quo. Mais pour combien de temps encore ?

Très belle découverte que cette nouvelle série dont le tome 2 arrivera fin mars, Newburn est une bouffée d’air frais dans le monde du comic book qui a parfois du mal à se renouveler. En un mois, les maisons d’éditions ont prouvé qu’elles savaient donner les clés à de talentueux auteurs pour tenter de nouvelles idées et les exploiter à merveille. Vivement la suite !

8/10
Total Score
Très très bien

Friday, Tome 1 – Brubaker, Martín & Muntsa

Ed Brubaker est un formidable scénariste. Après avoir relancé le personnage de Catwoman, c’est en s’éloignant des super héros qu’il devient un auteur plus libre et qu’il plonge à corps perdu dans le polar. Il faut lire sa série Criminal qui modernise le genre et qui offre des enquêtes riches et surprenantes. Mais c’est surtout avec Fatale qu’il crée son œuvre la plus aboutie sans doute, sur fond de polar (la figure de la femme fatale), il va ajouter un univers fantastique lovecraftien qui donnera au récit un aspect horrifique bienvenu.

Avec Friday, Brubaker continue d’écrire des enquêtes, mais se lance dans un univers plus jeune adulte comme il le dit lui-même dans sa postface. Ainsi, Friday est une jeune femme de 18 ans qui revient rendre visite à sa famille et à son ami d’enfance Lancelot. Ce dernier est passionné par les énigmes, et ensemble, durant des années, ils ont bravé dangers et mystères pour aider la police à résoudre d’étranges enquêtes. On comprend vite qu’on est alors dans un univers avec des éléments surnaturels qui s’associe à un réel que l’on reconnaît. L’intrigue se passe dans la petite ville imaginaire de King’s Hill en bord d’océan, ça ressemble à la Nouvelle Angleterre, le dessin est sublime (Marcos Martin), magnifié par les couleurs de Muntsa Vicente).

On se laisse porter par les personnages dont les rapports sont parfaitement développés, nous donnant toutes les clés pour comprendre leur relation, jusqu’à la scène finale, inattendue.

Friday est peut-être, à ce jour, la BD la plus aboutie sortie en 2023 en France (sortie en 2021 aux Etats-Unis), un récit parfaitement maîtrisé, rempli de mystères et nourri aux mythes et légendes !

9/10
Total Score
On frôle la perfection

Frontier – Singelin

Dans le futur, les humains travaillent pour des corporations qui n’ont aucun état d’âme quant au bien être et à la survie de leurs employés. Ils sont remplaçables et corvéables à merci. Certaines de ces personnes rêvent de l’espace, d’autres y sont nées, d’autres encore écrasent les concurrents à coup d’armes à feu. La Terre souffre d’un passé où les humains n’ont pas su arrêter l’exploitation de leur planète et continuent à piller ce qui peut l’être. L’espace est le nouvel eldorado avec des planètes du système solaire terraformées qui offrent de nouvelles opportunités au profit des corporations.

Avec Frontier, Singelin nous livre une BD solide en un seul tome, qui comme toute bonne histoire de science-fiction parle de l’humanité d’aujourd’hui, les dérives de nos sociétés menant à des conditions de vies déplorables et à un avenir non radieux. Le tout est écrit avec subtilité à travers 3 personnages qui tentent une autre vie. On oscille alors entre l’horreur de cette société et l’espoir d’une vie différente à travers l’ambition, la tolérance et la bienveillance d’une communauté qui veut croire au vivre ensemble. Le style graphique des personnages surprend au premier abord mais la finesse des traits permettent justement à cette BD de servir un propos humaniste. Les décors et les couleurs subliment le tout.

Frontier est assurément une grande BD. Il ne faut pas passer à côté !

9/10
Total Score
On frôle la perfection

31 Juillet – Lewis Trondheim

Depuis qu’il a retrouvé l’envie de dessiner Lapinot après une longue pause de plusieurs années, Trondheim joue avec son personnage fétiche de bien des façons. Ou plutôt de bien des formats. De la BD traditionnelle en couleur de 48 pages, et des mini livrets en noir et blanc, voici un format à l’italienne, un court album sans texte où Lapinot se balade dans des endroits où tout semble étrange car notre imagination aime se jouer de nous.

31 Juillet devient alors un poème dessiné, chaque illustration jouant le rôle d’un poème qui rend le tout épique, où bucolique, où bien ce que votre imagination veut en faire.

À vrai dire, pour moi, ce fut agréable, tendre, nostalgique, étrange et mystérieux parfois. Ça m’a fait du bien.

8/10
Total Score
Très très bien

Formule incantatoire – Donjon Zénith, tome 10 – Boulet, Sfar & Trondheim

Lire Donjon est toujours un immense plaisir ! Chaque tome est attendu avec impatience, et on le dévore furieusement afin de satisfaire notre curiosité. Donjon, c’est une saga en BD imaginée par Joann Sfar et Lewis Trondheim en 1998 et dont ils ont sorti les épisodes sans respecter de chronologie. Petit à petit, les trous se comblent entre les récits et on comprend mieux certaines choses. Il faut le dire, Donjon est une œuvre exemplaire, spectaculaire, qui non seulement rend hommage aux mondes de l’imaginaire à travers un univers fantastique avec ses propres règles, mais qui surtout, avec le développement de ses propres mythes, s’avère être une œuvre qui se suffit.

La force de Donjon, c’est de savoir jongler avec tous les genres. C’est parfois très drôle, c’est parfois de l’aventure pure et dure, c’est parfois sombre, parfois poétique, magique. On s’attaque aux personnages, à cet univers farfelu, violent, sans concession, souvent très con (au sens noble du terme).

Avec ce nouvel épisode de Donjon Zenith (la série est partagée en cycles), on continue d’en apprendre plus et de s’approcher d’un dénouement qu’on connait déjà. Oui mais, comment cela se passera-t-il ? Si on ne le sait pas ici, cet album reste très intéressant, drôle et décalé. Un bon cru de la saga Donjon qui mérite sa place parmi les meilleures BD de l’année 2023 !

8/10
Total Score
Très très bien

Not All Robots – Russel & Deodato Jr

Not All Robots est inattendu. On s’attend à une œuvre de SF premier degré, et on tombe vite dans le degré supérieur avec une société absurde et vide de sens. Les robots travaillent désormais à la place des humains qui profitent du salaire de leurs robots pour profiter de leur vie (qui ne semble pas très épanouissante). Les auteurs auraient pu déconstruire et montrer les limites (s’il y en a) d’une société faite de loisirs, mais ils préfèrent montrer une humanité déconnectée de la réalité, dominée par les robots qui au fond, ont droit de vie et de morts sur les humains (ce qui angoisse ces derniers). Nous suivons alors une famille et son robot dans la bulle d’Atlanta (les villes, à cause de la pollution et des guerres civiles sont enfermées dans des dômes protégés par les robots) ainsi que l’organisation de la société et l’impact que cela a sur les vies de chacun. L’arrivée de robots plus sophistiqués angoisse le robot familial qui cherche une solution pour continuer à exister. A Orlando, parc d’attraction géant, le robot chargé d’alimenter en air les humains a décidé de tous les tuer, il s’en sortira car c’est la faute des humains s’ils ont besoin de respirer.

L’absurde de ce monde nous rappelle évidemment le notre, nous qui dépendons totalement de technologies dans lesquelles nous intégrons de plus en plus d’IA. Nous creusons notre propre tombe.

Not All Robots est une œuvre intelligente, amusante (les débats à la télé entre humains et robots sont un régal et nous rappellent les bêtises de nos éditorialistes sur nos chaînes d’informations en continu), mais aussi politique, grâce à une écriture plus subtile qu’il n’y paraît.

8/10
Total Score
Très très bien

Adieu Eri – Tatsuki Fujimoto

Tatsuki Fujimoto est un jeune mangaka (30 ans) avec déjà une belle œuvre derrière lui ! Ici, avec Adieu Eri, le mangaka s’attaque au deuil et aux souvenirs et au rôle de l’image dans nos vies. On suit alors un adolescent filmant les dernier moments de sa mère puis les derniers moments d’une amie.

Tout l’intérêt de ce one-shot est de comprendre au final ce qui est réel et ce qui ne l’est pas. Le mangaka joue sur cette dichotomie entre le réel et le filmé afin de nous confronter à nos propres doutes et comment on se souvient des autres.

C’est une œuvre intelligente, magistrale, dont la fin nous interroge.

8/10
Total Score
Très très bien

Hirayasumi T1 & 2 – Keigo Shinzo

Hiroto est un jeune homme de 29 ans qui n’a pas d’ambition dans la vie. Il travaille à mi-temps pour un stand de pêche et vient d’hériter d’une petite maison dans laquelle il vit avec sa cousine Natsumi qui vient étudier les beaux arts à Tokyo.

Nous suivons alors leurs petites vies, leurs petits déboires et découvrons en Hiroto un garçon rempli d’optimisme, de bienveillance, qui ne semble se soucier de rien et qui prend la vie comme elle vient. Seul petit bémol, il a un peu du mal à parler aux jolies femmes de son âge ce qui l’a contraint à arrêter son métier d’acteur.

Dans une société où la réussite sociale et professionnelle pèse de tout son poids, Hiroto se moque des regards et reste lui-même. Hiroto, c’est l’esprit d’un enfant dans le corps d’un jeune homme de 29 ans. A ses côtés, sa cousine veut devenir mangaka et cherche à se faire des amies. Elle admire et jalouse un peu ce grand cousin plein de vie que rien ne semble affecter.

Hirayasumi est une très grande bande dessinée pleine de douceur, qui fait un bien fou, une œuvre positive qui plaira à tous ceux qui sont en manque de bienveillance après la fin de la saison 3 de Ted Lasso. Une œuvre qui rappelle aussi les romans de Steinbeck, Tortilla FlatRue de la Sardine et sa suite Tendre Jeudi, des œuvres avec beaucoup d’insouciance et de tendresse et des personnages qui ont l’audace de rester eux-mêmes et vivre loin des contraintes sociales. Des œuvres qui font du bien donc.

9/10
Total Score
On frôle la perfection

Le Mythe de l’Ossuaire – Des Milliers de Plumes Noires / Le Passage – Jeff Lemire & Andrea Sorrentino

La BD d’horreur est un genre à part entière qui souffre néanmoins de la comparaison avec le cinéma. Les films vous foutent des sueurs froides, vous font sursauter, la BD, si elle pose une ambiance, aura du mal à vous faire décoller de votre canapé. Ce n’est pas grave, ce n’est pas ce qu’on attend. Reste que parfois, l’horreur est si bien retranscrite qu’on a du mal à s’endormir avec sérénité…

C’est le cas de cette nouvelle série, Le Mythe de l’Ossuaire, imaginée par Lemire et Sorrentino qui ont pour ambition de créer un univers fantastique total, inspiré par le travail de Lovecraft. L’inspiration est évidente, mais les 2 premiers tomes ne sont heureusement pas de pâles copies du maître du genre, et témoignent d’une volonté de s’approprier les codes du genre et de libérer un récit complexe, qui invite le lecteur à rester alerte.

Le Mythe de l’Ossuaire ravira certes les fans de Lovecraft, qui se plongeront avec joie dans ce nouvel univers fantastique, mais au-delà des aspects horrifiques, les auteurs réussissent à nous livrer des récits mystérieux et parfaitement calibrés servis par un dessin efficace au style réaliste, qui joue sur les tensions entre les couleurs et le noir. Cela ajoute à l’inquiétude qui déborde des pages dessinées par Sorrentino.

Néanmoins, de par sa complexité narrative, Le Mythe de l’Ossuaire n’est pas une œuvre à mettre entre toutes les mains.

7/10
Total Score
Bien

Le Pays des Cerisiers – Fumiyo Kouno

La bombe atomique a marqué profondément le Japon. Pourtant en lisant les notes de l’autrice Fumiyo Kouno, les nouvelles générations semblent prendre cet événement sombre de leur histoire comme quelque chose de presque anodin. L’autrice qui elle-même est originaire d’Hiroshima voyait le bombardement comme une histoire lointaine qui appartenait à d’autres.

Avec Le Pays des Cerisiers, Fumiyo Kouno s’approprie donc son héritage afin de le partager aux nouvelles générations. Elle raconte ainsi le récit d’une survivante qui vit avec son traumatisme, ne comprenant pas pourquoi elle est toujours vivante quand tant d’autres ont péri dans d’atroces souffrances. Une survivante qui sera rattrapée par les effets à court et long terme des radiations.

Récit poignant et toujours important, Le Pays des Cerisiers est un manga puissant, délicat, réédité aujourd’hui avec une histoire supplémentaire. L’occasion de (re)découvrir un manga qui reçut en 2005 le très prestigieux Prix Tezuka de la Culture.

9/10
Total Score
On frôle la perfection

Si vous cherchez d’autres idées de BD à découvrir et sorties récemment, la belle année 2022 (côté BD) a de quoi vous aider à trouver votre bonheur si 2023 ne se réveille pas !

D’autres (très) bonnes BD à découvrir

5 comments

  1. Je viens de finir The Nice House on the Lake T1 et j’ai le deuxième sous le coude. Sacrée surprise !
    J’ai lu aussi récemment “Ne lâche pas ma main” réalisé par la même équipe que l’excellent “Nymphéas noirs” et c’est beaucoup moins bon.

    1. La suite devrait te plaire ! Ils tiennent bien leur concept !
      Bien noté pour “Ne lâche pas ma main”, je vais éviter donc !

  2. J’ai suivi tes conseils et je viens de lire “Friday” (tome 1). Effectivement, c’est très bien. On est tout de suite absorbé par l’histoire grâce à la narration, le dessin, les couleurs et cette atmosphère fantastique. Le récit est fluide, l’enquête intrigante. Je l’ai lu d’une traite et fus ravi de voir que le tome 2 allait sortir. J’ai hâte !

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