Zelda
L’arrivée d’un nouveau jeu Zelda est toujours un événement. Pour les joueurs du monde entier, bien évidemment, qui pour beaucoup, ont un rapport très fort avec l’univers imaginé par les légendaires Shigeru Miyamoto et Takashi Tezuka. Personnellement, Zelda est une saga qui me suit depuis tellement longtemps, que chaque nouvelle sortie me ramène indubitablement dans un passé rempli de nostalgie.
Le passé, c’est d’abord la découverte de A Link To The Past, un épisode sorti sur la console Super Nintendo en 1992 et qui m’a fait vivre une aventure extraordinaire, si bien que je l’ai vécue plusieurs fois tellement elle était exceptionnelle !
En 1998, j’attends fiévreusement le prochain épisode sur la Nintendo 64, la nouvelle console de la firme à l’origine de Mario. Il est difficile peut-être aujourd’hui de se figurer combien l’arrivée de ce jeu est un énorme événement à l’époque. D’abord la communication de Nintendo qui nous fout des frissons à chaque nouvelle image présentée. A cette époque, nous découvrons les jeux vidéo principalement à travers les magazines, et nous lorgnons alors sur chaque photographie et nous enthousiasmons sur ce nouveau Zelda qui est pour la première fois en 3D. C’est beau, ça a de la gueule, il y a des effets de lumières stupéfiants, l’eau semble presque vraie, on n’a jamais vu ça !
L’attente est insupportable… Le jeu, en France, arrive le 11 décembre 1998, à quelques jours de Noël. Mes parents (et beaucoup d’autres) ont alors la lourde tâche de mettre la cartouche sous le sapin. Nous, les joueurs, nous savons déjà que le jeu est exceptionnel. Il est sorti au Japon et aux États-Unis et ça se sait… Les journalistes sont dithyrambiques, la presse spécialisée ne parle que de ça, c’est le jeu du siècle ! On parle déjà du meilleur jeu de tous les temps ! Et mes parents ont une pression dingue ! Surtout qu’ils culpabilisent de m’avoir arraché à la Gironde pour nous installer à Lyon où mon intégration est difficile, alors ils veulent me faire plaisir. Et même s’ils ne comprennent peut-être pas mon attachement à Zelda et aux jeux vidéo, ils comprennent que ça me fait du bien. A tout juste 16 ans, j’ai besoin de cette bouffée d’air dans ma vie.
Et ce n’est pas gagné… Rapidement en rupture de stock, le jeu est difficile à trouver… Je me vois déjà passer Noël sans Zelda tandis que le monde entier pourra vivre une incroyable aventure et que je devrais encore supporter ces pénibles journées loin de ma Gironde natale.
Le miracle (de Noël) a lieu alors que mes parents, désespérés, dans une allée d’un supermarché, découvrent qu’il n’y a plus un seul exemplaire du jeu dans le rayon. Dépités, ils montrent du doigt l’emplacement de la boîte du jeu. “Tu vois, il était là…” Un amer constat : c’est trop tard… Un vendeur passant par là surprend la conversation. Tel un dealer de drogue il leur dit en chuchotant : “Vous cherchez Zelda ?” Mes parents se retournent. “Oui… Vous en avez encore ?” Le vendeur sourit. “Il m’en reste 1.”
Noël est sauvé, et avec lui, le royaume d’Hyrule, berceau de l’univers de Zelda, que je m’empresse de secourir.
La joie, difficile à retranscrire plus de 25 ans plus tard, est pourtant quelque part encore en moi, souvenir impérissable. C’est un moment heureux.
Le jeu certes ne m’a pas permis de mieux m’intégrer, et peut-être m’a t-il encore plus enfermé dans des univers de fiction, mais qu’est-ce que j’aimais y jouer ! Qu’est-ce qu’il m’a fait du bien ! Faire du cheval dans la plaine d’Hyrule, pêcher dans un lac et attraper le plus gros poisson jamais pêché, me détendre, partager l’expérience avec d’autres, résoudre des énigmes, battre des monstres, repousser le mal, vivre une aventure aussi riche qu’un film ou qu’un roman ! C’est cela mon expérience de Zelda.
Alors dès que Nintendo nous livre un nouveau Zelda, il y a cette joie qui se réveille et ce bonheur qui ne demandent qu’à s’exprimer. Encore et encore, joie et bonheur, toujours aussi naïfs et précieux.
Nous sommes aujourd’hui en 2023, cela fait 6 ans qu’on attend un nouvel épisode original (il y a bien eu un remake), et c’est le 12 mai qu’il est enfin arrivé. Le facteur me l’a glissé dans la boîte aux lettres, je passe mes deux heures de pause à jouer, je mange rapidement avant de reprendre le travail, je rejoue le soir dès que je peux. J’aurais voulu prendre ma journée, mais ce n’était pas le bon moment. Tant pis, je profite très vite.
Les premières images me remplissent de joie, contrôler Link et marcher aux côtés de la princesse Zelda m’exalte. J’ai hâte de trouver mon premier cheval et galoper dans les herbes hautes des plaines d’Hyrule !
Je retrouve les sensations de l’ado que j’ai été, je retrouve quelques réflexes, je retrouve certaines émotions. Je ne suis pas nostalgique de mes 16 ans, je n’étais pas très heureux, je suis simplement content de retrouver un univers qui m’a permis de souffler quand tout me semblait insurmontable.
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