Tendre Jeudi
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Nothing Serious – Roy Hargrove – Jazzothèque idéale

Parti trop tôt après avoir brûlé la chandelle par les deux bouts, Roy Hargrove était considéré comme un des grands de son temps. Virtuose alliant Jazz ancien et contemporain, Hargrove a considérablement marqué le Jazz de son empreinte.

Dans la discographie de Roy Hargrove, Nothing Serious, sorti en 2006, est un album plus intimiste. Loin du Jazz-funk des albums réalisés avec son groupe The RH Factor (dont Distractions sortira la même année), Nothing Serious propose un Jazz plus classique dans lequel il mélange des consonnances latines (sa rencontre avec Chucho Valdès a changé sa façon d’appréhender le Jazz dans lequel il n’hésite plus à intégrer dans son latins). Le résultat est superbe, dansant, rythmé, précieux.

Précieux, car, parti trop tôt, le trompettiste nous laisse un héritage riche, intelligent, à la hauteur de son talent.

Je ne peux pourtant écouter cet album sans un pincement au cœur, surtout lorsque les premières notes de Trust apparaissent, Miles Davis semble ressusciter un instant, puis Hargrove reprend son identité et brille par sa verve, son souffle cadencé, chaud, réconfortant.

Nothing Serious ne porte pas très bien son nom. Si on le traduisait “rien de sérieux”, on lui rétorquerait que justement si, tout cela est très sérieux, que c’est grâce à un travail acharné, au sérieux d’un athlète infatigable, que Roy Hargrove a pu libérer un tel Jazz. Si on le traduisait “rien de grave”, on lui rétorquerait qu’il a déconné. Que tout cela était grave, que le don dont il parle dans The Gift, il l’a gâché dans la drogue. Peut-être qu’avec le morceau Devil Eyes, il cherche à faire amende honorable. Il se sent porté par la passion, peut-être celle de la drogue, peut-être celle illustrée par Ingmar Bergman dans son film L’Oeil du Diable, mais ce qui est certain, c’est qu’Hargrove a quelque chose à exprimer, quelque chose à faire ressortir, que quelque chose le pousse vers l’enfer des drogues et qu’il essaie de s’en défaire, peut-être dans sa musique, peut-être dans la Camaraderie (sans doute sa meilleure partition de trompette de l’album), mais ce qui est certain, c’est qu’il y a quelque chose de grave dans ce disque, dans lequel pourtant, il arrive à glisser un peu de légèreté avec des morceaux comme Salima’s Dance ou A Day In Vienna, deux morceaux qui semblent faire référence à de tendres souvenirs.

Nothing Serious est un grand album, un album très personnel, intimiste, dans lequel Roy Hargrove y met toute son énergie. Peut-être son meilleur album, mon préféré assurément.

3 comments

  1. Bonjour,
    Mon répertoire Jazz a pris un coup d’arrêt avec la fin du siècle dernier. Je serais donc heureux de connaître votre discothèque jazz incontournable depuis l’année 2000.
    Merci.
    F

    1. Bonjour! En effet, ça ferait un très bon sujet pour un article! Je vais essayer de me pencher dessus!
      Comme ça, je mettrais Black Stars de Jason Moran, The Bright Mississippi d’Allen Toussaint, Buena Vista Social Club et le Solo de Vijay Iver.

      Par ailleurs, je fais des articles annuels depuis 2018 sur les meilleurs albums Jazz de l’année. Vous pourrez trouver ça dans le menu!

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