Qu’est-ce que l’altricialité ?
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Sommaire
- À retenir sur l’altricialité
- Qu’est-ce que l’altricialité ? Une définition de cette particularité biologique
- Altricialité primaire et secondaire : distinctions
- Altricialité primaire, définition
- Altricialité secondaire : qu’est-ce que c’est ?
- L’ontogenèse chez les êtres altriciaux
- Le concept d’altricialité selon Bernard Lahire du CNRS
- Les espèces altriciales dans la nature
- Sources principales sur l’altricialité
Résumé audio sur le concept de l’altricialité.
À retenir sur l’altricialité
- L’altricialité façonne profondément nos sociétés et notre culture.
- L’altricialité désigne l’immaturité à la naissance, caractéristique des humains.
- Le cerveau humain continue de grandir et de se connecter longtemps après la naissance.
- Cette immaturité prolongée est un avantage évolutif majeur, permettant une grande adaptabilité.
- Plusieurs espèces animales présentent des formes d’altricialité, mais l’humain est unique par sa durée et son impact social.
L’altricialité, terme dérivé du latin altrix, fait référence au degré de maturité d’un cerveau animal au moment de la naissance. L’humain, spécifiquement, présente une altricialité secondaire, prolongeant ainsi son temps de dépendance envers les adultes. Ce phénomène, fondamentalement lié à l’ontogenèse (Développement de l’individu, depuis la fécondation de l’œuf jusqu’à l’état adulte.), soulève des questions intéressantes sur le développement et l’évolution des structures sociales humaines.
Qu’est-ce que l’altricialité ? Une définition de cette particularité biologique
Les bébés humains naissent particulièrement dépendants. Contrairement aux girafons qui marchent quelques heures après leur naissance, nos enfants mettent longtemps à se tenir debout ou à marcher seuls. Cette dépendance porte un nom : l’altricialité.
Ce terme vient du latin altrix, qui signifie nourrice, et désigne l’immaturité à la naissance chez certaines espèces. Ce concept est particulièrement pertinent chez les oiseaux et certains mammifères, comme les rongeurs, dont les petits ne peuvent survivre sans assistance parentale.
Mais loin d’être une faiblesse, cette caractéristique est une force. Le zoologiste Adolf Portmann l’a démontré dès 1941 : cette immaturité prolongée permet un développement cérébral et social exceptionnel.
Altricialité primaire et secondaire : distinctions
Altricialité primaire, définition
L’altricialité primaire concerne la période immédiate après la naissance. Le nouveau-né est totalement dépendant de son entourage pour survivre et se développer. À ce stade, le cerveau humain est immature, atteignant seulement 25 % de sa taille adulte.
Altricialité secondaire : qu’est-ce que c’est ?
En revanche, l’altricialité secondaire s’étend bien au-delà de la période néonatale. Cette phase se caractérise par une croissance cérébrale continue et lente. Elle permet une interaction prolongée avec l’environnement et une immersion culturelle approfondie.
Les neurones pyramidaux, par exemple, continuent de former des connexions complexes. Cette neuroplasticité prolonge la capacité d’apprentissage et d’adaptation.
Cette lente maturation cérébrale offre un avantage évolutif important :
- Une meilleure adaptation aux environnements changeants
- Un développement cognitif plus flexible que chez d’autres primates
- Une période prolongée d’interaction sociale et culturelle
L’altricialité secondaire est une adaptation majeure dans notre histoire évolutive. Elle rend les humains :
- Hyper-sociaux et fortement dépendants du groupe
- Capables de développer des capacités cognitives exceptionnelles grâce à la plasticité neuronale prolongée
- Capables de transmettre une culture riche et diversifiée au fil des générations
Cette dépendance a aussi entraîné l’émergence de structures sociales complexes, fondées sur la coopération et la solidarité.
L’ontogenèse chez les êtres altriciaux
Les êtres altriciaux, comme les humains, présentent une caractéristique unique dans leur développement ontogénétique. Leur cerveau, très immature à la naissance, nécessite une croissance prolongée. Cette période de dépendance permet une interaction étroite avec l’environnement physique et social.
Durant cette phase, les nouveau-nés sont exposés aux influences diverses, façonnant leur développement cognitif et émotionnel. Les interactions avec les parents et les proches jouent un rôle crucial dans la maturation cérébrale.
Les neurosciences montrent que 80 % des changements structuraux majeurs du cerveau se produisent durant les quatre premières années de vie. Cette période est donc cruciale.
Pendant ces années, l’expression des gènes et la formation des circuits neuronaux sont influencées par les expériences vécues. Cette plasticité cérébrale permet :
- L’adaptation aux stimulations physiques et sociales
- Le développement du langage et des compétences sociales complexes
- Une phase d’apprentissage étendue
- Une adaptation continue à l’environnement physique et social
A noter que cette plasticité cérébrale est liée aux coûts énergétiques élevés du cerveau humain, justifiant un développement étalé dans le temps
La lenteur de cette maturation favorise une plasticité neuronale accrue. Jean-Pierre Changeux, célèbre neurobiologiste, a montré que cette plasticité permet l’adaptation à des environnements variés. En conséquence, les êtres altriciaux développent des compétences sociales et culturelles complexes.
Les soins prolongés des parents sont essentiels pour assurer la survie et le bon développement des jeunes. Ces soins incluent la protection, l’alimentation et l’enseignement des comportements sociaux.
Le concept d’altricialité selon Bernard Lahire du CNRS
Bernard Lahire, sociologue au CNRS, met en avant le concept d’altricialité secondaire pour illustrer la particularité de l’espèce humaine. Selon lui, cette immaturité à la naissance force les humains à dépendre fortement des soins et des interactions sociales pour leur développement. Cette dépendance prolongée entraîne une plasticité neuronale accrue et une capacité d’apprentissage continue tout au long de la vie.
Lahire souligne que cette altricialité secondaire crée des dynamiques de domination et de subordination dès le plus jeune âge. Ces rapports sont essentiels pour comprendre la structuration des sociétés humaines. Les enfants, dépendants de leurs parents et de la communauté, doivent assimiler des normes et des compétences culturelles pour s’intégrer.
En outre, cette période de dépendance permet une accumulation de connaissances et de savoir-faire, transmise de génération en génération. Cela renforce la cohésion sociale et le sentiment d’appartenance. Par exemple, les enfants apprennent des comportements sociaux et techniques essentiels à leur culture, assurant ainsi la perpétuation des traditions et des valeurs au sein de la société.
Les espèces altriciales dans la nature
Dans le règne animal, certaines espèces naissent dans un état d’extrême dépendance : ce sont les espèces altriciales.
Parmi elles :
- Les passereaux, dont les oisillons naissent aveugles et sans plumes
- Les félins, comme les chatons, aveugles et sans mobilité au début
- Les rongeurs, incapables de réguler leur température corporelle à la naissance
Chez les primates non-humains, comme les chimpanzés, le cerveau atteint environ 50 % de sa taille adulte à la naissance, un développement plus rapide que chez l’humain.
Sources principales sur l’altricialité :
- Altricialité secondaire : vulnérabilité et dépendance de l’enfant humain
- Nidicole et nidifuge
- Le développement général du cerveau
- Dynamique des relations familiales et développement personnel à l’adolescence
- Bernard Lahire, Les structures fondamentales des sociétés humaines
- Wikipedia – Altricialité
- Philosciences – Altricialité
- ResearchGate – Altricialité
- Cairn.info – Structures fondamentales des sociétés humaines
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