Au large de Lorient, sur la côte sud de l’Île de Groix, un homme se promenait dans les rochers en quête de quelques crabes. Ici, rares sont les crabes qui dépassent la taille d’un poing.
Il fallait être patient d’abord, mais aussi un peu malin. En tout cas, plus malin qu’un crabe, ce qui n’était pas une mince affaire.
Les gros crabes avaient de fait un cerveau plus gros que les petits crabes. Ils étaient plus réactifs et avaient meilleure mémoire. Ils savaient où se mettre à l’abri, comment se fondre dans le décor, parfois être sable, parfois être algues, parfois rochers, parfois ombres.
Ils avaient aussi de plus grosses pinces ce qui représentait un risque plus gros quand on essayait de les attraper. Plus d’un goéland avait vécu de périlleuses expériences en s’attaquant à de pareilles proies.
Mais cet homme semblait savoir ce qu’il faisait. Il avait plus d’un crabe à son palmarès. Fervent défenseur de la nature, il militait pour une chasse et une pêche à mains nues afin de laisser toute chance aux animaux. C’est pourquoi, au milieu des rochers, il n’avait que pour seuls compagnons son maillot et son sceau.
Il attendait patiemment qu’un crabe sorte d’un trou, il en voyait parfois, mais des trop petits.
Soudain, sorti de nul part, un crabe gros comme son poing apparut. Sûr de sa force, ce dernier ne craignait nul prédateur. Qu’aurait-il pu craindre ? Un goéland. Ah ah ! Il en avait repoussé bien des braves ! Mais des hommes, jamais il n’en avait croisé d’aussi près. Si bien qu’il pensait que ces géants n’étaient que des mythes imaginés pour faire peur aux plus petits crabes.
Il sentit une ombre voiler l’eau au-dessus de sa carapace puis l’eau se troubla et une forme avec cinq appendices s’approcha de lui. Un poulpe ? Se demanda-t-il. Venant de la surface ? C’était impossible ! Et ne lui manquait-il pas trois tentacules ? Il se mit en position de défense et pinça de toutes ses forces un des bras au hasard et il entendit un cri. Il fuya jusqu’au premier trou.
L’homme regarda son index. Il ne l’avait pas raté ! Vraisemblablement, il avait mal estimé la profondeur de l’eau et était tombé sur plus fort que lui. Peu importe ! Il en trouverait un autre ! La bataille ne faisait que commencer.
Il se retourna et découvrit une forme rouge vive derrière lui. Un crabe énorme ! Se dit-il… Avec des piques sur la carapace ? Une araignée de mer ? Ici ?
Elle faisait la taille d’une demi-douzaine de poings ! C’était l’opportunité d’une vie ! Il fallait la saisir ! L’homme contre l’animal ! La lutte à son paroxysme !
Et il plongea de nouveau son bras, concentré sur les zones faibles du crustacé. Il sentit alors une vive douleur dans son pied. Il voulu le sortir de l’eau, mais constata qu’il était entouré d’une nuée d’araignées de mer ! Effrayé, il essaya de se tirer de là, s’agripant aux rochers autour de lui, mais la douleur était insupportable ! Il se faisait manger vivant !
Il hurla, appela à l’aide, et put à peine constater que les araignées s’attaquaient désormais aux vacanciers non loin sur la plage. Il mourut au bout de quelques minutes…
Le crabe gros comme un poing sortit de sa cachette et constata que le géant avait perdu de sa superbe. Il s’approcha de lui, pinça où il restait un peu de chaire. Le géant ne bougea pas. Le crabe croqua alors un petit morceau suivi ensuite par nombre de ses copains.
Source image : https://unsplash.com/fr/@picturejourneys
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